Les M&A à la suite du Coronavirus ?
La réalité confirme les prévisions et analyses initiales de Dealmakers à propos du monde post-Corona. Il est intéressant de vérifier les différents aspects de l’impact de la pandémie sur les valorisations et les acquisitions d’entreprises. Anthony Hernaut analyse les différents aspects.
Quel est l’impact sur les résultats financiers ?
« La plupart de nos clients présentent des chiffres égaux ou supérieurs à ceux d’avant Corona. Comme d’habitude, nous préférons demeurer prudents, mais dans tous les cas, cela nous donne des raisons d’espérer et nous fait conclure que les coups les plus durs dus au Coronavirus sont derrière nous.
Quoi qu’il en soit, pour la valorisation, nous séparons l’impact (ponctuel) du Coronavirus des effets à plus long terme. Nous obtenons ainsi une formule que nous avons baptisée REBITDAC : le cash-flow opérationnel annuel prouvé avec des chiffres normalisés, ou REBITDA (recurring earnings before intrest, taxes, depreciation and amortization, ou résultat récurrent avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) auquel on soustrait les effets uniques facilement mesurables dus au Coronavirus (d’où le terme REBITDAC). »
« Autre tendance marquée : les entreprises s’adaptent au “nouveau monde” dans lequel elles évoluent désormais. L’impact à long terme des efforts opérationnels et stratégiques qui en sont à la base doit être correctement analysé. »
Anthony Hernaut, Director Dealmakers
"La plupart de nos clients présentent des chiffres égaux ou supérieurs à ceux d’avant Corona."
Quelles sont les caractéristiques de ce
« nouveau monde » ?
« La différence d’impact du Coronavirus entre les secteurs est énorme. Il suffit de comparer les chiffres du secteur de l’événementiel avec ceux du secteur IT. Par contre, ces deux effets sont de nature à conduire à une augmentation d’échelle (en d’autres termes : des reprises) avec des prix plus élevés pour les « éléments constitutifs » adéquats dans le paysage industriel et des prix plus bas pour les autres entreprises.
En d’autres termes, pour les (grands) acteurs de certains secteurs, le Coronavirus est synonyme de période de possibilités de croissance par la voie de reprises (consolidation) et ces acteurs misent fortement sur une stratégie de buy-and-build. Pour y parvenir, ils mettent des sommes considérables sur la table. Ce qui se traduit par des opportunités pour ceux qui envisagent de vendre. »
Le Coronavirus a-t-il entraîné un repli sur nous-mêmes ?
« Il est vrai qu’il y a nettement moins de rachats transfrontaliers en ce moment. Les acheteurs et les vendeurs font principalement des affaires dans leur propre pays. Il ne faut pas y voir une question de chauvinisme, mais plutôt l’incertitude des décisions des différents gouvernements et aussi un peu de protectionnisme croissant. De nombreuses PME locales sont en mesure de profiter de cette tendance. »
Quelles sont les conséquences des aides Corona gouvernementales ?
« Les effets dans l’immédiat ont été clairement positifs : ces aides ont aidé bon nombre d’entreprises à garder la tête hors de l’eau. Reste à voir désormais quelles seront les conséquences lorsque le gouvernement va débrancher le baxter financier. L’activité économique en ressentira-t-elle les contrecoups ? Et quelles seront les conséquences pour le marché des rachats ? Nous constatons qu’il y a à présent des entreprises en quête de capitaux frais pour survivre, et des entreprises qui ont besoin de financement pour se développer (par le biais d’acquisitions). »
Les acteurs Private equity se montrent particulièrement actifs.
« Les investisseurs financiers recherchent très activement des acquisitions, parfois dans de nouveaux secteurs où ils déploient alors une stratégie de buy-and-build. Par conséquent, ces acteurs du Private equity investissent plus que jamais dans le marché des PME. En d’autres termes, il y a une forte demande d’entreprises (familiales) de qualité. Les banques guettent aussi toutes les opportunités et cherchent à financer des reprises, bien sûr avec les garanties indispensables qu’elles ont toujours voulues et obtenues. »
Les acheteurs font-ils preuve d’une plus
grande prudence ?
« Les acheteurs évitent effectivement les risques. La pandémie est encore dans toutes les mémoires et ils recherchent donc encore plus de « confort » et préfèrent opter pour des formules où le vendeur demeure impliqué dans l’entreprise, même après la vente (en lire plus). Les paiements différés (Earn-out), les prêts du vendeur (Vendor loan), les acquisitions progressives ou la réintégration du vendeur sont des modalités de plus en plus en vogue. »